
Je vous ai déjà parlé de mon obsession pour cette histoire. J’en cherche encore la cause. Peut-être parce qu’ils étaient très beaux, beaux surtout dans leur complémentarité. Elle jolie, folle, si triste. Lui, bon, seul, si triste. Je suis aussi probablement prise d’un de ces complexes d’oedipe que seul des années de thérapie pourrait guérir et m’imaginer Gary se comportant en père avec sa jeune femme m’émeut d’une manière viscérale. « J’espère rester avec elle le temps de quelques sourires ».
J’ai lu quelque part qu’à l’initiative de Malraux, Seberg suit les cours de l’école du Louvre, que Gary roule en Jaguar, et que l’été les trouve à Majorque. Ça ne suffit pas pour être heureux, évidemment. Le couple s’enfonce, mais à quel moment? C’est la tristesse d’Olympio. La belle et la bête. Et je vois la bête. Ses pauvres yeux, l’un plus grand que l’autre, nagent et se noient. Ils chavirent en arrière. Belle va l’aimer et le perdre. De cette grosse bête s’élance le prince charmant. Et le prince demande : êtes-vous heureuse? Et belle répond : il faudra que je m’habitue.
Jean et les mauvais films. Jean et les suicides ratés. Jean traquée par la CIA. Jean et ses hommes. Jean qui parle au frigidaire. Jean qui meurt. Et Romain qui pleure. Je me suis toujours questionné à savoir si ce n’était pas lui, dans sa prolixité, voire son narcissisme d’auteur qui l’avait contaminé et rendu malheureuse, ou si c’était le contraire, ou si c’était l’équation de deux âmes tristes. Romain qui tire sa révérence, le 2 décembre 1980, une balle dans la tête: « rien à voir avec Jean Seberg.»
Peut-être que Voltaire était à côté de la plaque, c’est le malheur des uns qui fait le malheur des autres. Après tout c’est Cocteau qui disait : « méfions-nous des noyés qui s'accrochent et qui nous noient». Souvenons-nous de notre propre drame. On ne peut pas toujours faire comme si l'on avait la vie devant soi.
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