Monday, September 28, 2009

Ode à la vie.

"A bad book is as much of a labor to write as a good one, it comes as sincerely from the author's soul. " - Aldous Huxley
La vie mord parfois. Ses canines lacérées pénètrent sans crier gare. Il y a des gens qui respirent la mélancolie et la douleur. J'ai appris le décès de Nelly Arcan par un texte message de Gabrielle, comme d'autre l'ont appris par l'entremise de Twitter. Ce message ne contenait rien d'autre que le nom de l'auteure, suivi de point d'interrogations emplis de confusion. À ce moment, je n'avais pas besoin d'annonce officiel de suicide; cette théorie avait fracassée mon crâne immédiatement. Sans la connaître, je pouvais m'identifier quelque peu à cette femme. Il y a des cicatrices qui ne se résorbent jamais. Celles-ci couvraient le visage de Nelly Arcan, comme celles qui tenaille mon bas du ventre, parfois.

Je ne suis pas ici pour décortiquer comme l'a fait Denis Lévesque, de la question du pourquoi et du comment. "Une belle femme de même, comment a t'elle pu s'enlever la vie?". Il n'y a pas toujours de raisons pour expliquer un suicide. Seule la réflexion peut en suivre. Je ne vois pas l'utilité de trouver une pseudo-réponse à une question qui ne pourra jamais être résolue. Le cerveau ne survie malheureusement point à la mort. On ne peut pas faire d'autopsie révélatrice de la dernière vérité.
Sous un teint poudreux et maquillé, il peut y avoir la fièvre Denis. Il n'y a pas seulement Alexander McQueen qui puisse maquiller ses mannequins de manière exubérante, tous le monde doit à présent le faire. Le malheur est une peste sociale. Il est un maux de société quasi-tabou, qu'on le désire ou non. Montrez-moi ce sourire étincellant, blanchi au laser. Montrez-moi ses photos exubérantes prises sous l'effet de l'alcool. Ce bonheur instantanné, cette illusion du "moi" festif. On doit jeter le masque qui pleure pour jouer au jeu du paon. Je préfère tenir celui qui aborde un sourire mièvre, au détriment de l'autre qui ne se fera jamais consoler. Inoxérablement.

Je lisais dans la Presse de cette fin de semaine qu'on croyait que l'écriture aurait pu la sauver. Baudelaire n'a pas été le premier, et il n'a hélas pas été le dernier. L'écriture vit sous la plume, mais elle reste un exercice solitaire. La littérature peut être une thérapie, un éxutoire j'imagine. Mais peut-il vraiment sauver des vies? J'en doute.

Des fois, j'ai les regards des autres femmes qui me donnent des "Lolita go home, petite pute". J'ai cette mère que je n'ai jamais eu. Au moins, j'ai A. Mais des fois, l'écriture est un bien piètre remède pour ce barricader contre toutes ses altercations quotidiennes. Au moins j'ai toi, Gabrielle. Il est difficile, je trouve, de ne pas se sentir seule dans cette société. Nous sommes seuls contre tous. Cette solitude n'égale pas un désir de mort, bien sûr, mais son omniprésence assombrie parfois mes nuits.

Je n'ai jamais effleuré l'idée du suicide. J'ai de la difficulté à conceptualiser cet évènement et à l'intégrer au fil de ma propre vie. Je suis trop curieuse; il m'est personnellement insupportable de ne pas pouvoir contempler le demain, et le surlendemain. Mais pour moi, l'acte irréversible d'autres est un cri à la vie. Engouffré par les envies consummables, engouffré par les diktats sociaux. Nous vivons dans un beau paradoxe, où la beauté et la jeunesse ne suffisent pas toujours. L'écriture transpose le mal, il est certain, pour une fraction d'éternité. C'est écrit là, juste là, sous tes yeux.

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