Wednesday, January 20, 2010

La chair



La chair, elle est triste, qu'elle m'a dit. Certains en ont le dégôut, certains en ont la haine. Certains laissent transparaître leur inéluctable besoin d'exercice quotidien. Ils baisent et en redemandent. Il y a ceux qui sont tactiles, et ceux qui foudroient du regard. Il y a ceux qui sentent l'endorphine à des kilomètres à la ronde. Certains sont de glace, d'autres sentent le sexe à plein nez. C'est de cette humble manière que la Terre a commencé à grouiller, à se multiplier. Le concept de l'amour est culturel. Au début, la retenue n'existait pas. Le jeu des fausses promesses et des rêves de princesse n'existaient pas encore.
Il existe les individus "A", comme ceux décrit par le personnage principal du livre "Les particules élémentaires". Il existe les individus "B", qui eux sont au milieu, entre l'individu "A" et "C". Il existe finalement les individus "C", qui eux peuvent maitriser la chair ou qui ont réussi à complètement l'irradier de leur vie. Cette dernière classe me fascine puisqu'elle n'est pas mienne. J'ai toujours eu, du moins depuis ma tendre enfance, une réelle fascination pour tout ce ui avait trait au monde charnel. Je rêvais à l'amour et j'avais 8 ans. Pourtant, les histoires de princesses n'ont jamais suscité particulièrement mon attention. J'avais seulement envie de me balader la nuit avec le type qui ressemblait à mon père. J'avais envi de me balader dans la nuit noire, ou tous les chats sont gris.
À 12 ans, j'ai volé le livre d'Anais Nin de ma mère, que j'avais caché secrètement sous mon oreiller. Je le lisais, avec des copines toutes aussi curieuses. Je lisais, et me réjouissait que certaines personnes puissent partager publiquement ce même intérêt que je partageais également. Par la suite, j'ai lu la "Philosophie du Boudoir" du Marquis de Sade. À ce moment, j'ai appris que j'avais tout simplement un puissant goût pour l'érotisme, et non pour la sexualité débridée. Dans ces conditions, j'avais moi aussi le dégoût de la chair.
D'années en années, j'ai cultivé ce goût, avec la vilaine technique de l'essaie-erreur. je cultivais l'endorphine comme on produit un vin millésime. J'ai cultivé les amants trop vieux, et les situations insoutenables. Même aujourd'hui, cette fois un tantinet vieillie, je suis la même petite fille de 8 ans. À la différence que maintenant, j'ai connu ce que qu'était l'érotisme social. Celui-qui dicte, celui qui juge, celui qui irrite. Je crois que pour moi, cette facette de ma personnalité est une partie intégrale de mon "moi", de mon existence. Je ne vis pas un jour sans lui goûter, ou du moins, y penser.
Et puis après, j'ai connu l'ennui, le mécanique, le complexe de la chienne, le complexe de celle qui ne peut être comblée. J'ai mis de côté ce trait de caractère que j'ai toujours soigné. Je le sens tout près. Je crois que la fleur essaie de renaitre.

No comments:

Post a Comment